Les origines d'Auvers-sur-Oise

 
Habité depuis l'époque mérovingienne comme l'atteste la découverte de nombreuses sépultures, le lieu est cité pour la première fois dans une charte du début du ixe siècle. Dans cette charte de janvier 832, l'abbé Hilduin partage les terres entre les religieux et lui-même. Charles-le-Chauve confirme ce partage dans une charte du 19 septembre 862 à Compiègne, et l'existence d'un pont à Auvers est mentionnée. Ce pont fut détruit en 862 par les Normands, puis reconstruit sur ordre de Charles-le-Chauve, puis finalement de nouveau détruit lors de l'attaque de Pontoise et du long siège de Paris par les Normands en novembre 885. À cette époque, le village est possession des comtes du Vexin. Le roi de France Philippe Ier en hérite à la fin du xie siècle. À cette époque, seule la partie comprise entre le Valhermeil et les Vallées était habitée.
 
Auvers appartint ainsi au xiie siècle à Louis VI le Gros qui, en 1131, donna l'église à l'abbaye Saint-Vincent de Senlis qui la conserva jusqu'en 1790. À la mort du roi en 1137, sa veuve, Alix ou Adèle de Savoie, se retira à Auvers dans le manoir royal situé derrière l'église. Le village fut, par la suite, cédé à Richard de Vernon par le roi Philippe-Auguste en échange de la châtellenie de Vernon et du domaine de Longueville avant de redevenir la propriété de la puissante abbaye de Saint-Denis par le biais de plusieurs donations successives du xive au début du xviiie siècle. Le village entra finalement définitivement dans le domaine royal.
 
Au cours de la guerre de Cent Ans, Auvers subit le même sort que tout le Vexin français : les châteaux forts pouvant servir de refuges à l'ennemi sont détruits sur ordre de Gasce de Bonconvilliers, gouverneur militaire de Pontoise – on peut supposer que le château seigneurial des Vernon à Auvers a subi ce même sort – et les villages sont désertés par leurs habitants fuyant se réfugier à Pontoise ou L'Isle-Adam avant l'arrivée des Anglais, effective en 1356, qui pillent et saccagent alors le pays tout entier.
 
Un registre de l'abbaye de Saint-Denis daté de 1499 à 1501 apporte quelques précisions sur le village : celui-ci ne compte alors que des viticulteurs, hormis un tonnelier et un tisseranda 1. En 1523, des aventuriers et pillards détachés de l'armée anglaise de Picardie tentent de prendre Pontoise. En juin 1525, des pillards italiens et français qui s'étaient échappés à la défaite de Pavie se répandent dans le Vexin. Ils tuent des paysans et brûlent les fermes avant d'attaquer Pontoise et d'être finalement repoussés.
 
Durant les années 1580, les plus anciens cahiers paroissiaux indiquent une population d'environ 1 800 âmes. Lors des guerres de Religion, le village subit, comme tout le Vexin français, une nouvelle période aussi difficile que la guerre de Cent Ans. Pontoise se déclare pour la Ligue, Henri III et Henri de Navarre assiègent ainsi la ville en 1589, accompagnés de mercenaires allemands qui dévastent toute la région au passage. En 1590, la nouvelle garnison de Pontoise fait régulièrement des sorties contre le château de L'Isle-Adam ; livrées à elles-mêmes à cette époque, elles pillent le village afin d'assurer leur subsistance. Fin 1592, le pays est exsangue : le gouverneur est obligé de contraindre les habitants du Vexin à payer leurs tailles et impôts. À cela s'ajoute plusieurs calamités naturelles, une inondation catastrophique en octobre 1564, une épidémie en 1583, et un ouragan de grêle le 11 juin 1593.
 
À la suite des guerres désastreuses, l'abbaye de Saint-Denis se voit contrainte de céder des terres pour réduire son endettement : celle d'Auvers est vendue à un gentilhomme bourguignon, Jean-François de Berbisy le 3 juin 1599 pour la somme de six mille écus d'or.
 

XVIIe et XVIIIe siècles à Auvers-sur-Oise

 
Auvers-sur-Oise vers 1780 (Carte de Cassini).
L'hiver 1607-1608 fut particulièrement rigoureux pendant deux mois : la plupart du bétail n'y survécut pas. Deux autres périodes intenses de froid eurent les mêmes conséquences en 1768 et 1774. Le 15 novembre 1615, le seigneur, le prieur et les habitants du village s'assemblent comme de coutume au son de la cloche devant la porte de l'église. Au vu des pillages et ravages, ils décident de poursuivre la fortification de l'église et du cimetière joint à l'hôtel seigneurial afin de constituer une retraite pour les habitants, les animaux et les grains.
 
Une épidémie de peste éclata à Auvers au printemps 1637. Elle reprit l'année qui suivit alors que Pontoise subissait la grande peste. On releva soixante-sept décès dans l'année. Selon Pihan de la Forest, Auvers comptait en 1728 deux-cent-soixante-quatorze feux, soit huit-cent-trente-trois habitants. Des chiffres sans doute plus fiables issus des registres nominatifs du prieuré donnent en mai 1780 mille-quatre-cent-quarante habitants au total, répartis comme suit : cent-trente-deux à l'église, quatre-vingt-quinze aux Vallées, cinquante-huit rue Callé, quatre-vingt-quinze rue Roger, deux-cents rue Boucher, vingt-deux à l'Ormetel, cinquante-deux aux Vaissenots, cent-quatorze rue Rémy, quatre-vingt-seize aux Remys, trente-six à Fours, quatre-vingt-trois au Gré, quatre-vingt-onze à Chaponval, cent-cinquante-deux au Valhermeil, soixante-dix-neuf au Moncel, quarante à Cordeville, cent-quatre-vingt-quatre à Butry et neuf à Clairbois.
 
Une autre calamité fond sur le pays : Auvers se situe entre Pontoise et L'Isle-Adam, soit au centre des chasses du prince de Conti. Celui-ci souhaite donc ardemment l'acquérir afin de supprimer cette barrière à son plaisir. Il obtient du roi en 1743, après une longue insistance, la concession de la chasse à titre conservatoire : le pays est alors ruiné par la prolifération du gibier. Le 2 mai 1779, le contrat de vente est enfin signé, mais le prince de Conti étant mort en 1776, c'est son fils qui réalise l'acquisition tant convoitée. Mais il ne conserve que quatre ans la seigneurie, la rétrocédant en octobre 1783 à Monsieur, frère de Louis XVI et futur Louis XVIII.
 

XIXe siècle à Auvers-sur-Oise

 
La grande épidémie de choléra qui sévit à Paris en 1832 frappe également Auvers, essentiellement l'ouest de la commune : on y compte vingt-trois décès pour le seul mois de mai. Le déplacement du cimetière, alors situé autour de l'église, est envisagée pour des raisons sanitaires, mais reste sans suite faute de moyens. Le choléra fit de nouveau son retour en 1849 et 1854.
 
En 1843, la commune prend le nom d'Auvers-sur-Oise.
 
Le 14 juin 1846, est inaugurée la ligne ferroviaire de Paris à Lille, créant une relation directe vers la gare du Nord et Paris à raison de quatre à cinq relations quotidiennes en environ une heure de parcours. Cette nouvelle ligne, ouverte aux voyageurs le 20 juin, et ses locomotives à vapeur amènent les Parisiens avides de parties de campagne et de canotagea 11. La gare, ainsi que la gare de Chaponval (inaugurée en 1886), est aujourd'hui desservie par le Transilien. En 1860, le peintre Charles-François Daubigny amarre son bateau-atelier, Le Botin, sur les berges de l'Oise au pied du village. Très vite, ses amis peintres viennent lui rendre visite.
 
La commune subit plusieurs crues de l'Oise causant d'importants dégâts en décembre 1836, février 1859 (crue de plus de trois mètres) et janvier 1861.
 
Carte de France dite d'État-Major, vers 1870.
À la suite du désastre de Sedan le 1er septembre 1870, les autorités imposent de détruire les ponts sur l'Oise afin de retarder au maximum les troupes Prussiennes : le pont ferroviaire de Chaponval est miné le 15 septembre puis le pont routier dès le lendemain. Dès le 18 septembre, la 6e division de cavalerie et la 3e division d'infanterie Prussiennes sont à Pontoise. Les troupes ne campent pas à Auvers mais viennent fréquemment procéder à des réquisitions, essentiellement de produits agricoles (avoine, paille, foin), mais parfois également d'attelages, situation rendue encore plus difficile par la rigueur de l'hiver 1870-1871. Le retour des troupes en Prusse provoqua le passage de nombreuses troupes et l'occupation du village du 18 mars au 7 juin 1871.
 
Dans la nuit du 26 au 27 décembre 1887, le pont d'Auvers, réédifié quatorze années auparavant, s'écroule brutalement sans raison apparente, probablement usé par les nombreux chariots de pierre. Cette situation impose alors aux habitants de longs détours par Butry ou par Pontoise durant deux ans.
 
Vincent van Gogh arrive à Auvers en mai 1890, invité par le docteur Paul Gachet afin d'y suivre une thérapie. Le 26 juillet 1890, il tente de se donner la mort en plein champ avant de mourir trois jours plus tard le 29 juillet 1890 dans sa chambre de l'auberge Ravoux, que l'on visite maintenant. Il peignit 70 tableaux dont beaucoup eurent le village ou sa campagne comme toile de fond.
 

Le XXe siècle à Auvers-sur-Oise

 
2012Entrée d'une ferme à Auvers vers 1900.
En septembre 1914, les avant-gardes de l'armée allemande sont aperçues à Auvers, mais elles rebroussent définitivement chemin lors de la première bataille de la Marne.
 
Durant le xxe siècle, Auvers-sur-Oise a connu un développement pavillonnaire comme la plupart des communes voisines de la vallée de l'Oise, l'essentiel de la bande de terre d'environ 500 mètres de largeur moyenne, limitée d'un côté par l'Oise et de l'autre par la falaise du plateau du Vexin est ainsi largement urbanisée à la fin du XXe siècle. Cette densification ayant été assez progressive et respectueuse du site, la commune conserve ainsi en l'état la quasi-totalité des sites peints par les impressionnistes. Ces sites ainsi que les tombes des frères Van Gogh ont attiré les touristes depuis plus d'un siècle. Les deux dalles contiguës sont recouvertes de lierre dont les branches entrelacées sont le symbole de la réunion des deux frères qui ne sont pas toujours compris. Aucun aménagement touristique important n'ayant été mis en œuvre, ce tourisme assez limité ne profitait que bien peu à la commune et à sa région.
 
La commune, aidée par le Conseil général du Val-d'Oise a mis en œuvre au début des années 1990 un vigoureux plan de développement touristique, consistant en un renforcement des services de l'office de tourisme, la restauration et l'ouverture au public de l'auberge Ravoux, lieu de séjour et de décès de Vincent van Gogh, la restauration et la création d'un parcours spectacle au temps des impressionnistes au château de Léry, l'ouverture d'un petit musée privé consacré à l'absinthe, boisson mythique de la Belle Époque, et plus récemment, le rachat par le Conseil général et l'ouverture en 2003 de la maison du docteur Gachet. Cette mise en valeur s'est accompagnée d'une dynamique politique culturelle, ayant fortement augmenté l'offre culturelle de la commune tout au long de l'année.
 
Cette politique a porté ses fruits, propulsant la commune en moins de dix ans parmi les plus visitées d'Île-de-France avec environ 300 000 visiteurs par an16, attirant de nombreux touristes étrangers, américains et japonais notamment, attirés, à l'exemple de Barbizon, par ce village des peintres. Dans le même temps, le plateau du Vexin peint par les impressionnistes, dont les trois-quarts nord de la commune sont une composante, a été protégé, en complément du classement ancien du site, par la création en 1995 du parc naturel régional du Vexin français dont la commune est membre fondatrice.